LE COLLEGE LIBRE DE COLMAR A LACHAPELLE
Le nombre des élèves qui était, pour l’année 1873-1874, de 288 (dont 82 externes) passa l’année suivante à 405 (dont 110 externes). Il se maintint pendant une dizaine d’années aux environs de 200 pour baisser à 55 lors de la dernière année (18891890). Au total, plus de 4000 élèves ont connu Lachapelle. De nombreux prêtres et 4 évêques sont sortis du Collège, ainsi que des magistrats, des médecins, des industriels et des militaires (le commandant de la Place de Belfort avait prêté au Collège un certain nombre de fusils, de sabres et de bciionnettes en vue de faire pratiquer aux élèves le maniement des armes de guerre).
Le Collège de Lachapelle connut bien vite des difficultés.
L’exode de l’ Alsace vers Lachapelle avait suscité à Strasbourg et à Berlin de vives protestations et provoqué une non moins vive réaction.
Les écoles allemandes en Alsace restaient à peu près vides : les élèves des maisons fermées par l’Etat allemand avaient passé la frontière pour suivre leurs maîtres. Le Gouvernement allemand crut de son devoir d’arrêter un mouvement préjudiciable à la germanisation du pays. Plusieurs décrets intervinrent en Alsace :
-défense de porter l’uniforme du Collège en Alsace ;
-obligation pour les élèves de moins de 14 ans de passer un examen devant des inspecteurs allemands et, selon la décision de ces derniers, sommation adressée aux parents, sous peine d’amende, de retirer leurs enfants des collèges français ;
-séjour en Alsace interdit aux collégiens âgés de 17 à 21 ans, dont les parents avaient opté pour la France ou obtenu un certificat d’émigration.
Le recrutement des élèves se fit d’année en année plus difficile.
Au mois de mars 1880, Zillisheim rouvre ses portes; le nombre des élèves diminue. En 1882, le chiffre des élèves se releva jusqu’à 200, mais des mesures sérieuses furent prises par le Gouvernement allemand et la plupart des familles alsaciennes rivées au sol natal par leurs intérêts et les nécessités de la vie, se virent contraintes de retirer leurs enfants des établissements français (les enfants ayant étudié à l’étranger à partir de la 3ème, ne pouvaient plus occuper de poste rétribué par l’Etat). A la suite du décret du 22 mars 1888 concernant les passeports, la frontière devint presque infranchissable dans l’un et l’autre sens. Ces mesures achevèrent de tarir la source de recrutement.
Le Collège ferma ses portes en juillet 1890.
La liquidation de la propriété du Collège donna lieu à de longues et épiques contestations entre les diocèses de Strasbourg et de Besançon. Strasbourg qui n’avait cependant pas fait grand chose pour Lachapelle, tout en en bénéficiant pour l’éducation de ses clercs, eut certaines prétentions. Le différend fut porté à Rome qui rendit en 1898 une sentence, arbitrant plutôt en faveur de Besançon.
En 1905, le Conseil municipal de Lachapelle vota l’acquisition des biens du Collège pour 11 000 F. En 1912, la commune vendit ce qui restait au curé de Lachapelle. Entre-temps, Jean-Baptiste GRISEZ avait acquis l’étang et plusieurs bâtiments avaient été démolis: les cuisines en 1909, la grangerie et le cabinet de physique en 1910. L’abbé LHOTE établit, au rez-de-chaussée de l’ancienne chapelle du Collège, trois salles de catéchisme, au 1er étage des logements et au sous-sol, une grande salle de réunions.
Pendant la guerre 1914-1918, une ambulance y fut installée et plusieurs corps de troupes y séjournèrent, ce qui entraîna un certain nombre de dégradations.
En 1919, la propriété fut vendue à la Société BOURCARD de Montbéliard-Guebwiller qui la revendit à la filature-tissage DORGET de Rougemont-le- Château en 1925.
En 1931, M. BOUIN, garagiste, l’acheta avec, pour objet, la réparation d’automobiles. En 1933, intervint une liquidation judiciaire La propriété est alors achetée par M. GARRIGUE, receveur d’enregistrement à Fontaine et ensuite par MM. THOMAS, MIGNEREY et DUMORTIER.
Une pompe à essence, un garage et les bâtiments de l’ex-entreprise BAILLY BUCHWALTER occupèrent ensuite la propriété du Collège. Un garage spécialisé dans la vente de véhicule «tout terrain» s’y est installé.
Article rédigé par JL. BUCHWALTER
DANS L’ANCIEN COLLÈGE : L’HÔPITAL D’ÉVACUATION DE LACHAPELLE-SOUS-ROUGEMONT (1917-1918):
Fin février 1917, 31 mois de guerre viennent de s’écouler. Dans la partie septentrionale du front du Sundgau, les plus violents combats remontent déjà à fin 1914 (attaques d’Aspach-le-Haut, du Kalberg et de Burnhaupt-le-Bas) et début 1915 (attaques d’Aspach-le-Bas, de Burnhaupt-le-Haut, d’Ammertzwiller). L’année 1916 voit cette partie du champ de bataille connaître une relative léthargie, à un moment où les offensives majeures se déroulent en d’autres points. Il résulte de cet état de fait qu’à quelques kilomètres à l’arrière des lignes, les formations sanitaires françaises sont loin d’être engorgées par un afflux de blessés. Pendant ce temps, en revanche, la réflexion bat son plein au sein des états-majors, quant à une éventuelle offensive, menée par l’un ou l’autre des belligérants, dans le Sundgau. Si tel est le cas, une restructuration des formations sanitaires du secteur de Belfort s’impose.
C’est dans ce contexte que l’hôpital d’évacuation de Lachapelle-sous- Rougemont voit le jour.
1914-1916 : l’époque des ambulances
Des premières semaines du conflit au premier trimestre de 1917 se succèdent à Lachapelle diverses ambulances divisionnaires, au gré des unités stationnant dans le secteur. Ainsi est-ce le cas, de début janvier à début octobre 1915, d’une formation sanitaire de la 57e division d’infanterie, l’ambulance 3/57. Une description extrêmement complète en est faite dans le journal des marches et opérations (JMO) de la direction du service de santé de la VIIe armée, à l’occasion de sa visite, le 29 juin 1915, par le médecin inspecteur Hassler. Y officient, sous les ordres du médecin-major de 2e classe Nurdin (médecin-chef), les aides-majors Langlais, Coulloume-Labarthe, Labussière, Morel, Rabant, un pharmacien (l’aide-major Abry) et les officiers d’administration de 2e classe Leduc et Lereboullet.
L’ambulance est installée dans les locaux de l’ancien collège – dont les boiseries et les murs intérieurs ont été repeints, et qui a subi diverses réparations. Elle occupe le rez-de-chaussée (salle de douches, dépôt mortuaire, étuve, cuisine des malades), le premier étage (salle d’attente, salle de pansement, pharmacie, salle de blessés à évacuer, local-dépôt de matériel contre les gaz asphyxiants, bureau de l’officier d’administration), le deuxième étage (salles de traitement d’une capacité de 50 lits, huit salles des petits malades, une chambre à un lit pour officier, salle des blessés légers, local pour armes et équipements, lingerie), troisième étage (cantonnement du personnel, cuisine et réfectoire du personnel). Un patronage voisin abrite le réfectoire des infirmiers, où peuvent le cas échéant se restaurer des blessés en attente d’évacuation. Une annexe de l’ambulance est sise dans la maison du percepteur, également voisine de l’ancien collège. L’on y trouve une salle de blessés graves opérés, une salle d’opérations, et le bureau du médecin-chef. Le médecin inspecteur Hassler note la belle allure des infirmiers et la bonne tenue de cette formation sanitaire, tant sur un plan administratif que dans le domaine thérapeutique. Notons à ce titre que l’ambulance, comme nous l’avons précédemment souligné, fait alors partie de ces structures loin d’être engorgées : dans les salles des petits malades, 13 lits sur les 38 existants sont occupés, 9 lits sur 11 existants chez les blessés légers sont occupés, et 3 sur 9 chez les blessés graves opérés, soit au total un taux d’occupation des lits de 43%.
Un an plus tard, le 16 juillet 1916, le quotidien La Frontière publie « Une ambulance près du front », article consacré à l’ambulance 222. Elle est toujours établie dans les locaux de l’ancien collège, qui est décrit comme « fort vieux » d’aspect. A l’intérieur, en revanche, il en va tout autrement : « parquets et escaliers lavés, cirés, peints, astiqués ou garnis de linoléum », murs blanchis à la chaux, salles décorées. Dans l’ensemble, l’atmosphère de l’année 1915 semble toujours être de mise : une salle de chirurgie « bien comprise » avec lampes à acétylène, formation confortable et bien administrée, repas alléchants (le journaliste évoquant la « cuisine d’où le cuistot laissait à notre passage échapper de ses marmites une odeur de tambouille appétissante »). En conclusion, « l’ambulance 222 a réalisé, à quelques kilomètres de la lignede feu, tout ce qu’on peut obtenir de confort avec des moyens rudimentaires et de soins réparateurs pour les braves poilus qui ont été blessés en défendant la Patrie. » Mais l’on y apprend en outre que « l’ambulance peut recevoir une centaine de blessés venus directement du front, de malades ou d’éclopés. Il y en avait une cinquantaine […]. » C’est donc un taux d’occupation de la formation relativement faible qui est ici révélé, comme cela s’avérait être le cas un an auparavant. Pour plusieurs raisons, cette situation va changer durant les deux dernières années de la guerre.
La Vôge n° 44 : L’hôpital d’évacuation de Lachapelle-sous-Rougemont…, par Éric Mansuy,
Présence des ambulances à LA CHAPELLE-SOUS-ROUGEMONT (Territoire de Belfort)
– ambulance n° 2/70 (14/11/17-13/04/18) : 5360 ;
– GBD 70 (22-22/11/17) : 2906 ;
– ambulance n° 213 (28/01/18-17/03/18) : 3408 ;
– HoE (21/02/18- 22/06/18) : 1788 ;
– ambulance n° 14/5 (08/07/18-04/09/18) : 6808-6809 ;
– ambulance n° 10 DC (26- 26/12/14) : 733 ;
– ambulance n° 2 DC (20-20/11/15) : 3245 ;
– ambulance n° 2/63 (20/01/16- 24/08/18) : 2834 ;
– ambulance n° 222 (01-28/07/16) : 8790 ;
– ambulance n° 12/17 (24/08/16- 13/05/17) : 3394 ;
– ambulance n° 15/22 (24/06/17-16/08/17) : 5248 ;
– ambulance n° 10/2, ambulance n° 3/58 (10/09/17-01/05/18) : 3889.