Rue Jean Tacquard

Située entre la RD 83 et la rue des Vergers, le rue Jean Tacquard fait référence à deux homonymes dela même famille.

Jean Tacquard, l’industriel

Jean (ou Jean-Baptiste?) avec son frère Pierre (et peut être aussi Paul) avait créé une fonderie en 1874. D’abord installée à la Crypse, route de Petitefontaine, les ateliers Tacquard (fonderie et atelier de construction de pompes) déménagent ensuite sur la grande route (vis-à-vis de la route d’Angeot). Employant une vingtaine de personnes jusque la seconde guerre mondiale, les deux activités sont séparées vers 1949 :

– l’électro-industrie de l’est qui occupe une quinzaine d’ouvriers. La fonte est coulée une fois par semaine et la marchandise livrée dans toute la France (c’est maintenant la salle des associations).

– les ateliers de constructions (anc. Tacquard frères), qui avec 3 ouvriers est une maison spécialisée dans les pompes à eau et à liquides chargés (purin par exemple) et qui fournit les principaux grossistes du Territoire, du Doubs, de la Haute-Saône et de l’Alsace. En vous promenant dans les anciennes propriétés de la région, vous pourrez voir de telles pompes. Et si vous êtes observateur, vous trouverez le nom des frères Tacquard estampillé au pied d’un magnifique mât bi-plaques forgé (dites plaques de cocher) à Felon.

Après plusieurs changements de propriétaires, la fonderie périclite et cesse ses activités dans les années 1960.

Pierre, frère de Jean et mécanicien de profession, avait activement participé en 1913 à l’installation de l’éclairage électrique. Les frères Tacquard ont aussi été tour à tour Maires de Lachapelle (Jean-Baptiste 1909-1919, Paul 1919-1932 et Pierre 1932-1935).

Jean Tacquard (1914 – 1939) – Sergent pilote

Jean (François, Pierre) Tacquard est né le 15 juin 1914 à 7h00 du soir à Lachapelle-sous-Rougemont. Il est l’enfant unique de Pierre Tacquard, 40 ans, mécanicien (cité ci-dessus), et de Laure (Marie, Céline) Bourquardez, 35 ans, sans profession.

Jean grandit dans une famille d’industriels : son père est tour à tour mécanicien, constructeur, chef et patron de l’entreprise Tacquard-frères (avec ses frères Jean-Baptiste et Paul), spécialisée dans la construction de pompes à eau et pour liquides chargés.

On sait peu de choses de Jean. En 1931, les archives du recensement de la population nous apprennent qu’il est alors étudiant, puis sans activité en 1936. Jean n’est pas marié et n’a pas de descendance.

On ne sait pas à quel moment il rejoint l’armée de l’air.

Engagé dans le conflit, il est alors Sergent faisant partie de l’unité du Groupe Aérien d’Observation I/520 de Morhange commandé par le commandant Rodet.

Alors pilote à bord d’un ANF Mureaux 115 (numéro de série 106) immatriculé X-677, il fait équipe avec le Lieutenant observateur Henri (Victor) Potier (ou Potié suivant les sources).

Le 9 septembre 1939 (cette date est mentionnée dans le compte rendu circonstancié des pertes subies, document du 11 janvier 1940), vers 18h40, deux avions ANF Mureaux 115 sont envoyés en mission pour le réglage d’un tir d’artillerie sur deux terrains d’aviation du secteur de Sarrebruck (Saint Ingbert et Saint Arnual), sur ordre du général commandant le 20ème Corps d’Armée et du général commandant les F.A. et F.T.C.A de la IV° Armée, ordre transmis oralement par téléphone par l’officier de liaison. Ils sont protégés par quatre MS-406 (deux patrouilles légères) du GC I/3, le groupe de chasse rattaché à la IV° Armée.

Les avions évoluent sous le plafond nuageux, à une altitude proche de 1 500 m, altitude minimale prévue pour une mission d’artillerie. Alors que la mission de reconnaissance se déroule sans problème depuis 30 minutes, les six appareils français sont attaqués par quatre Messerschmitt Bf 109 E de la 1./JG 53, en patrouille entre Trier et Saarbrücken. Deux des chasseurs allemands divertissent l’escorte : ils attaquent la patrouille basse en tenaille, avant d’être éconduits par les deux autres Morane et de fuir sans demander leur reste.

Le Mureaux n°106 piloté par le sergent Tacquard est alors rattrapé alors qu’il tentait de fuir. Bien que le lieutenant Potier se défende à la mitrailleuse, le sergent Tacquard ne peut rien faire dans son biplace de reconnaissance qui ne vole qu’à 320 km/h alors que les allemands foncent à près de 700 km/h ! L’avion est alors abattu et mis en flamme par l’Unteroffizier Heinrich Bezner dont c’est la première victoire aérienne. Le sergent Tacquard est très probablement tué avant l’arrivée au sol. L’avion s’écrase au lieu-dit Zinzing, sur la commune d’Alsting en Moselle (57), à 8km au nord-ouest de Sarreguemines, le 10 septembre 1939, soit 7 jours après la déclaration de guerre ! Le lieutenant Potier sera aussi tué sur le coup.

L’acte de décès de Jean Tacquard porte la mention “Mort pour la France” en combat aérien en date du 10 septembre 1939. Son corps a été retrouvé le 11 septembre sur le champ de bataille de Zinzing et identifié “d’après les indications portées sur la plaque d’identité et autres effets dont il était détenteur”. Il avait seulement 25 ans !

Son corps a été enterré au cimetière civil de Bermering (Moselle).

Vue de l’usine